La chirurgie
L'ablation du globe oculaire est nécessaire lorsqu’il contient une lésion évolutive qui ne peut pas être traitée autrement ou quand l’œil est non voyant et en voie d’atrophie, source de douleurs et de modification esthétique, ou enfin lorsque la détérioration chronique d'un œil traumatisé met en danger l’œil sain transmission de l'inflammation (ophtalmie sympathique).
A chaque fois que cela est possible, on conservera l'enveloppe du globe (la sclère); on parle alors d'éviscération.
Dans certains cas, la totalité du globe doit être retirée (en général du fait d'une tumeur intra-oculaire); on parle alors d'énucléation.
Les techniques:
L’anesthésie la plus fréquemment utilisée est l’anesthésie générale.
En cas d'eviscération, le contenu et la cornée (partie transparente devant l'iris) sont retirés, en cas d'énucléation la totalité de l'oeil est enlevée.
Dans les 2 cas, le volume orbitaire doit être reconstitué pour retrouver une anatomie normale indispensable pour obtenir une réhabilitation esthétique et stable dans le temps.
Ce volume est obtenu selon les cas par un implant intra orbitaire sphérique (bille) en céramique ou en plastique (PMMA) ou bien par une greffe dermo graisseuse prélevée dans la fesse.
L'éviscération permet de reconstituer une interface solide devant la bille en utilisant la paroi blanche qui est solide et toujours attachée aux muscles oculomoteurs qui assurent le mouvement du globe. Ces muscles mobiliseront ainsi par la suite l'implant orbitaire.
En cas d'énucléation, il peut être nécessaire de réaliser une greffe d'un tissu solide autour de l'implant pour assure sa stabilité dans le temps.
En post opératoire immédiat une lentille en plastique transparent (conformateur) est placée sous les paupières, elle sera remplacée par une lentille ayant l'aspect de l'oeil sain appellée prothèse oculaire, un mois environ après l'opération. Elle est réalisée sur mesure après un moulage par un oculariste.
Si l’œil est le siège d’une lésion tumorale évolutive, il sera confié à un médecin anatomo-pathologiste qui l’analysera au microscope pour parvenir au diagnostic définitif et précis.
Les suites opératoires
Un œdème important des paupières et des douleurs sont possibles dans les 3 à 4 jours qui suivent l’opération, ils sont prévenus par une injection d'anesthésique intra orbitaire au moment de l'opération, un bandage compressif la première nuit et par la prise d'anti inflammatoires pendant les 8 premiers jours post opératoires. Des antalgiques et des antibiotiques par voie orales ainsi que des collyres antibiotique et/ou anti-inflammatoiresont habituellement prescrits.
La mise en place de la prothèse s’effectue après cicatrisation totale, soit 3 à 4 semaines après l’intervention. Elle ne nécessite pas d’opération et est effectuée par un oculariste qui réalise une prothèse sur mesure après moulage de la cavité. Elle n’est pas douloureuse. La première prothèse est provisoire. Quelques mois plus tard, la définitive est installée. Elle ne nécessite pas d’entretien particulier en dehors d'un polissage une fois par an et parfois d'un nettoyage à l'eau si il existe des sécrétions.
Les résultats
Ils sont jugés à six mois et dépendent de nombreux paramètres dont le type d’opération, l’état antérieur du sac conjonctival et des paupières, la qualité de la prothèse. Ils sont bons sur le plan esthétique lorsqu'il a été possible de reconstituer une anatomie proche de la normale ( bille de grand volume, culs de sac conjonctivaux profonds, prothèse fine)
Certaines imperfections peuvent justifier des gestes chirurgicaux complémentaires (défaut de volume, asymétrie du pli palpébral, ptosis)
Quelle que soit l’intervention pratiquée, une prothèse ne peut en aucun cas être aussi mobile qu’un œil.
Les complications
Les complications post-opératoires peuvent être précoces : hémorragie, hématome, infection, désunion de la cicatrice; mais aussi tardives : extériorisation de l’implant , atrophie de la graisse de l’orbite avec aspect d’œil creux, chute de la paupière (ptôsis), affaissement de la paupière inférieure.
La plupart de ces complications sont prévenues par une technique opératoire rigoureuse et l'usage d'un implant adapté. Ce qui peut se produire malgré une technique parfaite, ce sont les sécrétions qui sont liées à une réaction exagérée de la conjonctive au frottement avec le corps étranger qu'est la prothèse. On les craint surtout chez les patients ayant des conjonctives très réactives (antécédents de conjonctivite allergique).
A plus long terme, le muscle qui relève la paupière peut avoir tendance à se relâcher avec les années du fait du frottement avec la prothèse produisant un aplatissement du bord libre et un rétrécissement de l'ouverture entre les 2 paupières (ptosis). Ce phenomène peut alors être corrigé chirurgicalement.